Apprendre à maîtriser sa propre colère passe avant tout par une prise de conscience et un travail en profondeur.
Mais s’il peut parfois nous sembler difficile de faire face à nos propres émotions, que dire des moments où nous devons faire face aux émotions difficiles des autres ?
Vous rappelez-vous la dernière fois que vous avez eu à affronter la colère d’un proche, d’un collègue de travail ou d’un parfait inconnu ?
Je suis à peu près sûr que vous auriez volontiers évité ce moment désagréable.
Pourtant, la colère est une émotion que nous connaissons tous pour l’avoir côtoyé de près ou de loin et qui semble bien ancré dans notre société. Les débats télévisuels en sont un exemple vivant.
Je vous propose de nous pencher sur cette émotion tumultueuse afin de mieux la comprendre et d’apprendre à garder son calme face à la colère.
1. Être colérique : une fatalité ?
La colère est une émotion particulièrement puissante. Sous l’impulsion d’une colère non maîtrisée, nous pouvons perdre le contrôle de nos pensées, de nos paroles et parfois même de nos gestes.
Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, notre réaction à la colère n’est pas le simple fruit de notre caractère.
Dans l’imaginaire collectif, être colérique est un état immuable caractérisant certaines personnes.
C’est vrai qu’il est difficile d’imaginer une personne reconnue pour ses tendances colériques réagir calmement à une situation tendue, mais c’est davantage la conséquence d’une histoire personnelle, que celle de notre ADN.
En réalité, la manière dont nous réagissons à la colère n’est pas une fatalité, et encore moins le résultat d’un supposé mauvais karma !
En fait, cette idée arrange bien tout ceux qui préfèrent ne pas prendre de recul sur leur tendance à la mauvaise humeur et ne pas prendre leurs responsabilités…
Dans la culture japonaise, comme dans d’autres cultures d’ailleurs, se mettre en colère est extrêmement mal vu.
À l’inverse, dans les cultures dites “au sang chaud”, comme la française ou l’italienne par exemple, se mettre en colère est presqu’un art de vivre !
Que peut-on déduire de cette différence flagrante de réaction face à une même émotion humaine ? Que nous pouvons décider de notre réaction à la colère ou à une manifestation de colère.
Une réaction colérique est bel et bien le résultat d’une culture, d’une éducation et ne plus se mettre en colère le choix d’un apprentissage.
Cela ne signifie pas que vous êtes toujours content de ce qui se passe mais vous exprimez votre mécontentement autrement que par une réaction hystérique et disproportionné.
Nul besoin de devenir un furieux à chaque fois que l’on appuie sur le bouton starter. Nul besoin de devenir un fou à chacune de vos frustrations.
Bien sûr, certaines colères viennent de blessures ou de frustrations profondes. Mais ici encore il est possible, avec l’aide d’un thérapeute et / ou par la pratique de la méditation, de comprendre les racines de cette colère pour en guérir et s’en défaire.
Nous avons tous le choix de cesser d’alimenter notre colère et de rejouer le théâtre de notre enfance.
2. Comment agir face à une personne en colère ? 4 conseils
Vous pouvez transformer votre colère pour mieux la gérer au quotidien.
Si vous vous intéressez à la pratique de la méditation, vous savez que nous avons tous la capacité de prendre du recul sur nos façons d’agir.
Faire face à la situation engendrée par une personne en colère peut nous surprendre et nous faire perdre nos moyens.
Agir face à la colère d’autrui avec calme demande une certaine maîtrise de soi. Cependant, garder une distance saine avec les émotions des autres s’apprend et s’entretient.
Voici quelques points essentiels à mettre en pratique pour conserver son calme face à une personne en colère :
- Prenez conscience que la colère de l’autre ne vous concerne pas. Chacun est responsable de ses propres émotions. Réagir en vous mettant vous-même en colère n’est pas une solution efficace, au contraire ! C’est rentrer dans le désir de l’autre, qui cherche un moyen de rendre légitime sa colère. Vous ne serez alors qu’un faire-valoir à ses propres problèmes. Vous vous retrouverez enlisé dans le cercle vicieux de la colère et, en prime, vous alimenterez la colère de l’autre. Faîtes un pas de recul pour vous rappeler que la colère à laquelle vous faites face n’est pas la vôtre.
- Rappelez-vous que vous n’êtes pas le sujet de la colère de l’autre, mais son moyen de l’exprimer et de la passer. Pensez à l’image de la cocotte-minute qui siffle et gigote sous l’effet de la pression causée par l’accumulation de vapeur. Lorsque vous faites face à une personne en colère, c’est un peu comme si vous lui permettiez de se défaire du bouchon qui retient son trop plein émotionnel. Si vous avez l’impression que sa colère est dirigée vers vous, rappelez-vous que ce n’est pas le cas. Pratiquez dans cette situation ce que j’appelle la main vide.
La main vide consiste dans les arts martiaux à ne donner aucune prise à son partenaire. Cette manière d’agir permet de retourner la force de votre adversaire contre lui-même et de le précipiter dans le vide. Lorsqu’une personne en colère ne rencontre personne, c’est à dire que malgré sa provocation il ne sent pas de jugement de votre part, ni d’hostilité ou même d’intérêt à son égard, il sera inexorablement renvoyé à lui-même et à l’aspect ridicule de la situation qu’il engendre. D’un coup, d’un seul et sans combattre, vous conservez votre centre et ramenez l’autre dans le sien.
- Écoutez la personne en colère, mais ne vous rangez pas de son côté. Tentez de faire preuve d’objectivité en vous rappelant qu’il ne s’agit pas de votre histoire. Lorsque la personne sera calmée, vous pourrez peut-être lui en reparler, seulement si vous sentez que c’est envisageable et que vous êtes certain de ne pas raviver le volcan.
- Faites preuve d’écoute véritable. Soyez présent et évitez de faire du prosélytisme en tentant de rallier l’autre à votre pensée. En prenant conscience de votre calme et de votre présence, l’interlocuteur en colère sera désarmé. Puisque vous ne lui offrirez pas de réponse équivalente à sa colère, il n’aura pas d’autre issue que celle de se calmer.
3. Garder son calme face à la colère | Résister à la tentation de la colère
Se mettre dans une intense colère peut être un puissant défouloir.
Il est donc parfois tentant, lorsque l’on fait face à une personne en colère, de s’inviter dans cette explosion émotionnelle pour se défouler à son tour.
Par mimétisme, l’expression d’une émotion vive fait écho chez les personnes qui en sont témoin.
Comme nous l’avons vu dans un précédent article portant sur l’expression des émotions, il est essentiel de ne réprimer aucune émotion.
Chaque émotion doit être accueillie afin qu’ensuite, le mental puisse être libéré de sa présence.
Cependant, comme nous l’avons vu plus tôt, la colère de l’autre ne nous concerne pas et il est important d’apprendre à garder ses distances face aux émotions des autres.
En adoptant l’esprit de la méditation grâce à une pratique assise quotidienne, cette distance avec les ressentis d’autrui se prend avec de plus en plus d’aisance.
On évite alors naturellement d’entrer dans un bras de fer avec une personne en colère.
En plus de n’offrir aucune issue, cette posture ne fait qu’alimenter l’animosité de l’autre.
Lorsque l’esprit est calme, il peut faire face à l’émotion de l’autre tout en conservant son état.
Avec la pratique de la méditation, il devient plus aisé de maîtriser ses émotions afin qu’elles ne nous submergent pas, tout en acceptant leur existence chez soi comme chez les autres.
4. Comment faire face à la colère ? S’inspirer de la CNV
Le concept de Communication Non Violente (CNV), élaboré par Marshall B. Rosenberg, propose une approche communicationnelle qui tend vers le bien de l’autre et de soi-même.
Par l’élimination du rapport dominant-dominé dans une interaction, on se place dans une posture d’ouverture et d’attention pour saisir les enjeux de chacun avec objectivité.
Selon Rosenberg, la CNV est la manière la plus naturelle de communiquer.
Si beaucoup d’entre nous avons délaissé cette forme de communication pour divers enjeux de pouvoir, il nous est possible de revenir à cette forme de dialogue pacifiste, ouverte, compatissante et bienveillante.
Rosenberg explique le principe de la CNV en ces mots : “La Communication Non Violente nous aide à revenir à une manière plus naturelle de vivre, dans laquelle les évaluations sont basées sur la manière dont nous répondons aux besoins. Elle favorise le schéma : “Répondons-nous à nos besoins et aux besoins des autres ? Plutôt que : “Qui est quoi ?”, “Qui a raison et qui a tort ?”, “Qui est bon et qui est méchant ?”.
La Communication Non Violente vise à répondre aux questionnements suivants : “Est ce que nos besoins sont satisfaits ? Si non, que pouvons-nous faire pour que les besoins de chacun soient satisfaits ?” Voilà le langage de la Communication Non Violente”.
En appliquant ces principes, nous retournons à l’esprit de collaboration et d’écoute qui ne laisse pas de place à la surenchère de la colère.
En cherchant à détecter le besoin se cachant derrière la colère, plutôt que de donner tort ou raison à la personne dans cet état, nous nous concentrons sur la recherche de solution.
Nous ouvrons une porte vers une meilleure compréhension des déclencheurs de la colère et permettons à l’autre de prendre du recul sur la situation qu’il traverse.
Naturellement, une personne en colère à laquelle on donne l’opportunité d’y voir plus clair et de se concentrer sur la potentielle satisfaction de ses besoins est plus encline à s’apaiser.
Avec ces différentes pistes d’action et de réflexion pour garder votre calme face à une personne en colère, vous disposez des clés pour ne pas vous laisser affecter par des émotions qui ne sont pas les vôtres.
En plus, en suivant ces conseils, vous offrez la possibilité à votre interlocuteur de prendre du recul sur son émotion pour parvenir à la transformer en une réflexion constructive.
Enfin, c’est en invitant une pratique méditative dans votre quotidien que vous parviendrez à garder votre calme dans des circonstances propices à éveiller des émotions difficiles. Alors, à vos zafus !
**Source : ROSENBERG, Marshall B. Introduction à la Communication Non Violente CNV. [Vidéo En ligne]. https://www.youtube.com/watch?v=zWAvuPhjdW8. Consultée le 26 novembre 2019.
Merci pour cet article dans lequel je me suis retrouvée. Je suis très coléreuse mais la pratique de la méditation m’aide chaque jour à progresser. Je suis sur le bon chemin et les progrès sont notables.
Effectivement, méditer permet de retrouver sa véritable nature et de retrouver la paix intérieure. Continuez ainsi Nathalie.
je médite tous les jours grâce à vous et ma vie s’en trouve changée