Avez-vous déjà songé à faire une retraite spirituelle de méditation ? Ces retraites peuvent prendre plusieurs formes, mais il s’agit souvent de séjours d’une dizaine de jours dans un centre de méditation. Je vous propose aujourd’hui de suivre l’aventure de Leslie, une jeune femme qui a récemment intégré la méditation dans sa vie. Leslie a décidé de se lancer dans l’aventure d’une retraite de méditation en Inde, aux pieds de l’Himalaya, en avril dernier. Pendant quelques semaines, elle nous racontera ici le déroulement de son expérience : sa découverte, ses larmes, ses grandes joies et ce qu’elle a tiré de cette histoire. Voici la première partie de son témoignage.
Pas vraiment prête pour une retraite spirituelle !
Bonjour à tous, et merci Christophe de m’offrir cette tribune pour raconter mon expérience. La méditation, si vous lisez les articles de Christophe, j’imagine que ça vous parle. S’asseoir en tailleur, se concentrer sur sa respiration, tenter de calmer le tourbillon de ses pensées : voilà un exercice que de plus en plus de personnes essaient de pratiquer puisque les bénéfices sont nombreux. Tenter l’expérience de temps en temps, c’est une chose. Mais avez-vous déjà songé à pousser un peu plus loin, en vous inscrivant à une retraite de méditation de plusieurs jours ?
Pour ma part, je n’y avais jamais vraiment réfléchi. Et pourtant, en avril dernier, c’est bien ce qui m’est arrivé : je me suis lancée dans une retraite spirituelle silencieuse de méditation dans un centre bouddhiste, en Inde. Ce n’était ni prévu, ni préparé.
C’est l’esprit confus et le cœur prêt à exploser que j’ai passé le portail du centre de méditation Tushita, à Dharamsala, au nord de l’Inde. Ce portail, je n’allais plus le franchir pendant toute la durée de la retraite. Dix jours qui m’ont permis de passer de la confusion à un nouveau niveau de spiritualité.
Voici mon histoire.
Le centre de méditation Tushita, qu’est-ce que c’est ?
Avant de commencer, une petite mise en contexte s’impose. Le centre de méditation Tushita propose l’enseignement des fondements du bouddhisme et de la pratique de la méditation. Établi depuis 1973, il accueille des personnes des quatre coins du monde et ce, toute l’année. Des cours de méditation y sont dispensés gratuitement presque tous les jours. Que l’on soit novice ou que l’on ait des connaissances en bouddhisme et en méditation, le centre est ouvert à tous. Situé près de Dharamsala, dans le nord de l’Inde, le lieu est empreint d’une énergie toute particulière qui invite au calme et au recueillement.
Ma découverte du centre de méditation
J’ai appris l’existence de Tushita alors que j’étais déjà en Inde. Ce voyage aux pieds de l’Himalaya n’était aucunement motivé par l’envie de faire une retraite spirituelle : je n’avais aucune idée que je vivrai cette expérience. Pour tout dire, l’idée de passer dix jours en silence face à moi-même me rebutait un peu.
J’avais entendu parler des retraites de méditation Vipassana, mon conjoint avait fait cette expérience il y a quelques années. En quelques mots, lors de ces retraites, le but est de se retrouver complètement face à soi-même. Aucune parole, aucun échange de regard, aucun livre ou autre distraction n’est autorisé. Méditation, méditation, méditation. J’imaginais l’intensité des émotions, la difficulté de garder le silence, les séances de méditation interminables, les douleurs physiques causées par l’immobilité et la position assise. À ce moment-là, bien que j’en comprenais les bienfaits, je ne me sentais aucunement prête à me lancer dans une telle aventure.
Lorsque nous arrivons à Dharamsala, Tushita est sur toutes les lèvres. Je m’intéresse depuis longtemps à la méditation, j’essaie tant bien que mal de l’inclure dans ma vie quotidienne.
Il n’a donc pas fallu grand-chose pour que j’aie envie d’en savoir plus. Qu’est-ce donc ce lieu que tout le monde admire ? Le centre étant situé à cinq minutes à pieds de la chambre que nous louons, j’y fais rapidement un tour.
Ma première impression est celle de la magie du lieu : la beauté de l’endroit, la nature omniprésente, les salles de méditation, appelées dojo, superbement décorées. Tout y donne envie de s’imprégner de cette atmosphère particulière. Cependant, après m’être informée sur la retraite de méditation appelée Introduction au bouddhisme, je me recroqueville immédiatement sur mes peurs. Ah non, je ne me lance pas là-dedans, en tous cas pas maintenant ! En effet, la retraite a plusieurs points communs avec une retraite de méditation Vipassana, dont les deux éléments qui me terrifient le plus : de longues séances de méditation et le silence imposé entre les participants.
Merci, mais non merci.
Tushita n’est pas un centre de méditation Vipassana
Et puis, rapidement, un trait bien spécifique de ma personnalité se réveille. J’adore changer d’avis, voir les choses autrement. Je me penche alors sur la question plus longuement : je prends le temps de lire l’horaire type d’une retraite de dix jours.
Au fil de la lecture, je suis rassurée : non, une retraite de méditation à Tushita n’est pas un Vipassana. D’abord, on n’est pas cloîtré dans un silence pendant dix jours. Tous les jours, on assiste à plusieurs heures de cours sur le bouddhisme. Il y a aussi une heure (et pas plus !) de discussion de groupe par jour, ce qui permet de créer des liens.
On a le droit de lire, ce qui n’est pas le cas lors d’un vipassana. Oh, et on a aussi une heure d’étirements par jour prévue à l’horaire. Ça fait tout une différence !
Peu à peu, une évidence fait sa place en moi : et si je n’avais pas atterri à cet endroit spécifique du monde pour rien ? Existerait-il dans ma vie meilleur moment pour participer à une telle retraite, dans un lieu aussi magique que celui-ci ?
Vous l’aurez compris, je me rends rapidement à l’évidence. Tushita, me voilà.
De la motivation à l’inscription : pas si simple !
Toc, toc, toc, comment fait-on pour s’inscrire à la retraite de méditation ? Là, ça se corse. La retraite est complète : elle est si populaire que les intéressés arrivent des quatre coins du monde pour y participer.
Je m’inscris donc à la liste d’attente, mais voilà la subtilité de cette dernière : une fois inscrit, tu ne sauras si tu es pris pour les dates choisies que le premier jour de la retraite. Il faut donc que tu prépares ton sac, ton mental et tes bisous d’au revoir avant de franchir le portail du centre dans l’optique de te lancer dans l’aventure… ou de revenir dans une heure.
Je ne vous cache rien : ça met dans un état bizarre. Parce qu’on ne part pas une semaine au Mexique, maillot de bain enfilé et tâche de crème solaire sur le nez. On part à la rencontre de soi sans être sûr de pouvoir y aller. Franchement, ce n’est pas rien.
Alors, j’attends. Je continue à profiter de cette région de l’Inde, où vit le dalaï-lama. Il y réside une atmosphère unique, une sérénité palpable. Je ne me projette pas trop, mais il existe au fond de moi ce sentiment d’entre-deux. Irais-je, n’irais-je pas ? Une chose est sûre cependant : je veux faire cette retraite.
Le voilà, le jour J ! Mon sac est prêt, ma tête ne sait plus trop. On dirait que je m’apprête à entrer à l’école, la boule au ventre. Au centre, tous sont là : les élus – les participants confirmés – comme les pas-encore-élus-pleins-d’espoir, inscrits sur la liste d’attente. La nonne bouddhiste en charge de l’accueil des participants commence son discours, nous présente les lieux. Elle nous informe qu’il y a, dans le groupe que nous formons, une bonne cinquantaine de nationalités, au moins. Elle nomme les participants et annonce qu’il reste deux places pour les personnes sur la liste d’attente.
Roulement de tambour… Parmi ces deux personnes, il n’y a… pas moi.
Ça, c’est ce que l’on appelle faire un tour d’ascenseur émotionnel.
La boule à la gorge, je franchis de nouveau le portail du centre, consternée.
Envie de connaître la suite de mon histoire ? Rendez-vous au prochain épisode ! On y entre pas à pas dans le cœur du sujet, les émotions sont au rendez-vous !
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