« Lao Tseu l’a dit : Il faut trouver la voie ! » Tintin et le lotus bleu (1936)
Si sa renommée lui aura valu un clin d’œil à travers les répliques d’une BD culte, Lao Tseu et ses célèbres citations n’ont jamais été autant d’actualité qu’aujourd’hui.
Considéré comme le père fondateur du Taoïsme, il légua à l’humanité ce qu’il savait de la Voie et de la Sagesse à travers son œuvre : le Tao Te King.
Mais que savons-nous vraiment de ce mystérieux personnage à la longue barbe blanche, souvent représenté à dos de buffle ?
Lao Tseu a-t-il réellement existé ?
Nous ne détenons finalement que très peu d’informations à son sujet, à tel point que de nombreux chercheurs du monde entier s’interrogent encore sur la réalité de son existence.
Mais alors, comment ce personnage légendaire, dont l’histoire est aussi confuse qu’incertaine, a-t-il pu influencer à ce point le monde entier ?
C’est ce que je vous propose de découvrir dans cet article.
1. La vie de Lao Tseu : entre mythe et réalité
Pour comprendre l’influence de Lao Tseu, faisons un petit tour du côté de son histoire…
Lorsque l’on s’intéresse à ce personnage semi-mythique, on ne trouve que peu d’informations, pour la plupart incertaines et contradictoires.
De nombreuses recherches ont été faites sur son existence mais les informations historiques à son sujet sont rares et confuses : les textes qui parlent de lui se basent essentiellement sur des éléments surnaturels et religieux.
Voilà cependant ce que nous savons de son incroyable histoire :
a. L’histoire du “vieux maître”
Lao Tseu ou Laozi, qui signifie littéralement le “vieux maître” – de son vrai nom Li Er – serait né environ 600 ans avant J.C au royaume de Chu, pendant la dynastie Zhou (phase de l’histoire chinoise, entre 1046 et 771 av. J.-C).
La légende raconte que sa conception miraculeuse serait liée à l’ingestion par sa mère d’une prune magique, ou au passage d’une comète dans le ciel.
Après avoir séjourné plusieurs années dans le ventre de sa mère, il naît alors avec une barbe, de longs cheveux blancs (d’où son surnom d’ancien) et des oreilles aux lobes très longs, signe de grande sagesse.
Il aurait également été gardien des archives impériales dans la province actuelle du Henan, au service de la Cour des Zhou.
C’est d’ailleurs au cours de cette période qu’il se serait instruit en lisant une grande quantité d’écrits. Il aurait ainsi acquis une vision profonde de la nature humaine et de la vertu suprême.
b. Quand les grands esprits se rencontrent
Toujours selon la légende, Confucius – alors plus jeune que Lao Tseu – serait venu le consulter pour sa connaissance des textes anciens.
Cette rencontre entre les 2 grands philosophes resta très mystérieuse puisque lorsque Confucius revint, il garda le silence durant trois jours.
Ses élèves, intrigués par le comportement de leur professeur, lui demandèrent alors ce qui s’était passé…
Ce à quoi Confucius répondit :
« Les oiseaux, je le sais, peuvent voler. Les poissons, je le sais, peuvent nager. Je sais que le gibier peut courir. Car on peut fabriquer un filet pour ce qui court, une ligne pour ce qui nage et une flèche ailée pour ce qui vole. Mais je ne comprends pas comment le dragon peut s’élever au-dessus des airs et des nuages. Aujourd’hui j’ai rencontré Lao Tseu : j’ai l’impression qu’il ressemble au dragon. » *
c. Les dernières traces du “grand sage”
On raconte que Lao Tseu, ne supportant plus les divergences politiques, aurait décidé de quitter la Chine à l’âge de 60 ans, ou 160 ans… L’incertitude règne encore concernant son âge au moment de sa disparition.
Il aurait alors disparu de la province pour se diriger vers l’ouest, à dos de buffle.
À la frontière de la passe Han Kou – située à la porte du pays de Tsin – le gardien Yin Xi, reconnaissant le grand maître, s’étonne de le voir se diriger seul vers l’inconnu.
Parce qu’au-delà de cette frontière c’était l’ouest, les barbares, le monde des sauvages…
Le gardien, assez pessimiste, lui aurait alors demandé de ne pas priver le monde de sa sagesse et de son savoir, en prenant un tel risque.
“Vous allez disparaître; il faut auparavant que vous écriviez un livre pour moi.”, lui dit le gardien
Lao Tseu se serait alors mit à rédiger les 5 000 caractères du « Tao Te King » sur des tablettes de bambous.
Et c’est ainsi que, juste avant de se retirer du monde, il aurait remis au gardien les bases de la philosophie Taoïste.
C’est à partir de ce moment précis que nous perdons ses traces. Certains racontent qu’il aurait mené une vie d’ascète dans les solitudes enneigées, d’autres se prêtent à croire qu’il se serait réincarné indéfiniment, réapparaissant sous différentes formes pour transmettre le Tao.
2. Lao Tseu, l’influence immortelle
Comme nous venons de le voir, la biographie de Lao Tseu reste floue et relève davantage du mythe que de la réalité…
Pour résumer, ce que disent les historiens à son sujet ne rassemble que quelques faits probables :
- Il aurait été archiviste à la cour impériale des Zhou.
- Il aurait rencontré Confucius.
- Il aurait fini par disparaître sans laisser de traces après avoir rédigé son œuvre.
Depuis la fin du XXe siècle, de plus en plus de chercheurs sceptiques estiment qu’il pourrait s’agir d’un personnage fictif et non proprement historique.
Mais alors, pourquoi est-il aussi connu ?
a. L’héritage : Le Tao Te King
Comment concevoir qu’un personnage vieux de 2500 ans qui n’a peut-être jamais existé, puisse perdurer dans l’histoire sans jamais finir par disparaître ?
Voici un premier élément d’explication :
Si Lao Tseu et ses citations sont mondialement célèbres aujourd’hui, c’est avant tout parce qu’il serait l’auteur présumé du fameux livre, le « Tao Te King ».
Le « Tao Te King », ou « Dao De Jing » , qui signifie littéralement « le livre de la voie et de la vertu », est un recueil contenant 81 préceptes énigmatiques reposant sur la philosophie du non-agir : il est le texte fondateur du Taoïsme.
Composé de 5000 idéogrammes, il est sans doute l’ouvrage le plus traduit de la littérature extrême-orientale.
Lao-Tseu y a transmis l’équilibre entre les pôles de l’univers, le Yin et le Yang, le féminin et le masculin. De leur équilibre et de leur alternance, naissent tous les phénomènes de la nature, se fondant sur le principe qui est à l’origine de toute chose, le Tao.
De cet ouvrage sont extraits des centaines de citations de Lao Tseu. En voici quelques-une :
« Connaître, c’est ne pas connaître : voilà l’excellence. Ne pas connaître, c’est connaître : voilà l’erreur »
« Celui qui excelle à employer les hommes se met au-dessous d’eux »
« Le sage sans jamais faire de grandes actions, accomplit de grandes choses »
« Savoir se contenter de ce que l’on a : c’est être riche »
« Pour vivre pleinement sa vie, il n’est pas nécessaire d’agir. Pour vivre pleinement sa vie, il est indispensable d’être »
«Les hommes sont différents dans la vie, semblables dans la mort »
«Imposer sa volonté aux autres, c’est force. Se l’imposer à soi-même, c’est force supérieure »
« Celui qui ne perd pas sa racine peut durer »
« La vie est une succession de changements naturels. Ne résistez pas car cela ne générera que des soucis. Laissez la réalité être la réalité. Laissez faire naturellement les choses »
Parmi les citations que nous venons de voir, vous en connaissez forcément une, n’est-ce pas ?
Mais savez-vous pourquoi ses aphorismes universels n’ont jamais eu autant de succès qu’au 21ème siècle ?
Est-ce qu’écrire un livre, qui aujourd’hui n’est pratiquement plus lu, est suffisant pour atteindre la popularité qu’a aujourd’hui Lao Tseu ?
Comment un homme qui n’a peut-être jamais existé, et dont l’ouvrage n’est plus lu que par des spécialistes, puisse encore avoir une influence sur nos vies ?
En fait, ce qui est certain, c’est que Lao Tseu a réellement existé, qu’il ait été un personnage réel ou non… vous me suivez ?
À une époque où les réseaux sociaux connaissent un impact puissant sur nos vies, on y décèle un réel engouement pour les citations.
Pour mieux surmonter les soucis du quotidien, les paroles de sages nous encouragent à vivre sereinement, en paix avec nous-même et avec les autres.
Tout comme Bouddha et Socrate, les grands sages de l’humanité continuent d’exister à travers les siècles car les hommes ont besoin d’un guide, d’un modèle à suivre.
Dans le but de changer et de réformer le cœur de l’homme, ces “guides”, qui incarnent la bienveillance, nous enseignent l’humilité, la compassion et le renoncement de soi.
De ce fait, l’enseignement de Lao Tseu, qui par la philosophie du Taoïsme nous aide à mieux vivre, n’a jamais été aussi moderne.
Mais l’héritage de Lao Tseu se limite-t-il à de “belles citations” que l’on ajoute sur nos fils d’actualité ?
b. Le Taoïsme : plus qu’une philosophie, un art de vivre
Littéralement « enseignement de la voie », le Taoïsme est, avec le confucianisme et le bouddhisme, l’un des trois piliers de la philosophie chinoise.
La principale idée du Taoïsme est l’idée du Tao, ou Dào, qui signifie la voie, le chemin.
Il se définit par une recherche d’harmonie entre l’homme et la nature. Le sens d’équité et la volonté d’être en harmonie avec l’univers sont les principes majeurs du Taoïsme.
Lao Tseu disait :
« Le Tao que l’on peut nommer n’est pas le Tao »
Le Tao est donc innommable et inexprimable, car éternel et infini. Il est le principe qui engendre tout ce qui existe, la force fondamentale qui coule en tout ce qui compose l’univers.
« Le Tao est infini, éternel.
Pourquoi est-il éternel ?
Il n’est jamais né ;
ainsi ne peut-il jamais mourir.
Pourquoi est-il infini ?
Il n’a pas de désirs pour lui-même ;
ainsi est-il présent pour tous les êtres. »
Tao Te King, 7
Un grand principe du Taoïsme est celui du non-agir (wou wei) : Cela ne signifie pas “ne rien faire”, mais plutôt ne rien faire de façon artificielle ou forcée, c’est-à-dire agir en étant conscient que chaque action est dirigée par la vie elle-même.
Dans le taoïsme, l’univers est en perpétuelle évolution. Seul le changement est permanent et c’est en l’acceptant que l’on parvient à trouver la paix intérieure.
Si cet art de vivre, à la fois philosophie et religion, connaît un tel succès en Occident, c’est sans doute parce qu’il répond avec modernité et simplicité à nos désirs existentiels.
Vivre en phase avec sa nature profonde, en harmonie avec la nature, faire la paix en soi et autour de soi, privilégier l’être au paraître… quelle belle philosophie pour un monde meilleur.
Vous voyez, cette philosophie fondée par Lao Tseu est fort intéressante car elle vise, tout comme la méditation Tangram, une meilleure compréhension de vous-même et un détachement progressif et durable de votre ego.
Même si dénuée de toutes croyances, la méditation Tangram que j’enseigne repose sur des principes similaires au taoïsme, tout en offrant la possibilité de conserver un mode de vie moderne.
En nous inspirant des enseignements du vieux maître Lao Tseu et en pratiquant la méditation laïque, nous pouvons trouver la voie vers une vie plus équilibrée et en accord avec notre véritable nature.
Et après tout…
« Lao Tseu l’a dit : Il faut trouver la voie »
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Voilà mes chers lecteurs, j’espère que cet article vous a plu et qu’il vous aura fait voyager le temps d’un instant, au cœur des plaines de la Chine, là où sétendent les fleuves et les rivières.
Et à l’avenir, lorsque vous verrez une citation de Lao Tseu, vous pourrez donc la partager en toute connaissance de cause, et ainsi, continuer à faire vivre celui dont l’existence restera toujours un mystère.
Faites-moi part de vos questions et commentaires ci-dessous, et c’est avec plaisir que j’y répondrai.
À très bientôt sur le blog et derrière les portes de l’Académie Tangram !
Christophe
Un auteur merveilleux c’est Francois cheng, il est devenu la grâce même. un écrivain et poète entre deux nations.